De l’art naïf à l’art rupestre
Un soir, au crépuscule, j’entrai dans mon nouveau petit salon intime et chaleureux, aux encoignures arrondies et au plafond en forme de dôme, il m’est venu une idée. Peindre les murs couleurs de fin du jour, y dessiner des animaux comme si j’étais dans la forêt, mieux encore, dans une grotte.
Après des heures de recherches sur ces grottes de Lascaux et de Chauvet dont j’avais entendu parler, mais auxquelles je ne m’étais jamais attardée, j’ai expérimenté sur des petits formats. Fascinée par les textures, les couleurs, les pigments, j’ai commencé avec enthousiasme une nouvelle production.
De l’art naïf que je privilégie depuis plus de quinze ans, je suis passée à l’art rupestre avec une facilité naturelle. Les lignes simples des dessins me fascinaient déjà, et la noblesse de matériaux bruts ou organiques rejoigne parfaitement mon intérêt pour tout ce qui est nature.
Mon approche picturale est assez intuitive. Pour ces tableaux d’art rupestre, j’utilise plusieurs médiums comme de l’ocre, du manganèse, du fer rouge, du charbon de bois, des argiles colorées. Ces médiums me ramènent à mon métier de potière. D’abord j’étale un enduit comme subjectile sur une toile pour donner du relief ou de la texture. Je travaille ensuite principalement avec mes doigts et au pinceau pour créer une atmosphère au coloris riche et subtil.
À mon tour, j’ai l’impression de faire revire les animaux, de suivre les premiers pas de l’homme dans l’aventure de l’art. De l’art naïf à l’art rupestre, il n’y avait qu’un pas et c’est avec plaisir que je l’ai franchi.
Lise Poirier
artiste peintre